Vincent, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Vincent et je suis apiculteur depuis 15 ans dans le Doubs. Je m’occupe d’un rucher en conversion avec Gilles, mon associé. À partir de nos récoltes, nous produisons du miel de sapin, du miel d’acacia et du miel de fleurs sauvages. Ce dernier, commercialisé chez BioDemain, résulte d’un mélange essentiellement composé de fleurs d’érable, de pissenlit et de merisier.


Peux-tu nous décrire ton parcours, et ta rencontre avec BioDemain ?

Je travaille avec BioDemain depuis septembre 2020. Notre rencontre découle d’une longue période de réflexion : j’avais envie de m’engager et d’évoluer vers un modèle de production plus durable. Ma priorité était avant tout de protéger ma santé et celle de mes collègues : en passant au bio, je pouvais éviter les traitements chimiques conventionnels nécessitant le port de combinaisons et de masques. Les dynamiques de conversion au sein de notre coopérative ont également joué un rôle important dans ma décision. Néanmoins, le passage au bio ne s’est pas fait du jour au lendemain : 3 à 4 ans de réflexion (et de préparation) ont été nécessaires avant de sauter le pas.


Quels sont les changements engendrés par la conversion au biologique pour un apiculteur ?

Quand je travaillais en conventionnel, je possédais 700 ruches, mais en passant au bio, je n’en ai gardé que 500. L’apiculture biologique est en effet très chronophage, il a fallu réduire le rucher pour pouvoir maintenir l’exploitation.

Mes essaims sont situés autour de Besançon, nos ruchers sont implantés dans un périmètre de 20 kilomètres autour de l’exploitation. Avant de passer au bio, ces abeilles butinaient les champs de colza qui n’étaient pas bio. En déplaçant nos ruches sur des secteurs exempts de cultures, elles ont gagné en diversité de fleurs. Elles puisent maintenant leur nectar dans une grande variété d’essences de prairies et de forêts.

La production de miel biologique demande beaucoup d’organisation. Par exemple, je dois porter une vigilance accrue sur le taux d’infestation par le parasite Varroa. Effectivement, si leur présence dépasse un seuil critique, ces parasites peuvent détruire les ruches et anéantir tout espoir de récolte. Les traitements en conventionnel permettent de s’en débarrasser relativement facilement, malheureusement, les possibilités en biologique sont plus restreintes.

D’autre part, afin de prendre soin du rucher, nous avons investi dans une unité de stockage de cadres de miel. Stocker des cadres permet d’avoir du miel en réserve afin de nourrir les abeilles lorsque nécessaire. Nous les prélevons lors des périodes d’opulence, sans porter atteinte aux colonies. Les abeilles sont autonomes, mais cela permet d’anticiper les famines parfois fatales.  


Peux-tu nous parler des contraintes liées au cahier des charges de l’AB ?

Il faut savoir qu’un miel bio est beaucoup plus difficile à produire qu’un miel conventionnel, car beaucoup de contraintes se rajoutent. J’ai réétudié le circuit de transhumance (circuit de déplacement des ruches suivant les périodes de floraison), afin de respecter le cahier des charges bio.

L’emplacement des ruches doit être pensé en amont, mais pas seulement. Les contraintes liées aux zones de butinage y sont nombreuses : elles doivent être éloignées de potentielles zones de pollution (usine, autoroute), être entourées à plus de 50% de champs conduits en AB ou espaces à faible impact environnemental, etc.  Il faut réfléchir aussi aux matériaux utilisés pour construire les ruches : nous utilisons une cire qui doit être issue de l’apiculture biologique. De la même manière, les produits autorisés pour leur nettoyage et leur protection sont soumis à de nombreuses restrictions. En biologique, la bonne santé des abeilles est la priorité : l’utilisation de répulsif chimique est interdit lors de la récolte, et elles doivent se nourrir exclusivement de miel ou de sucre bio.

C’est un véritable défi à relever !


Vincent, quels sont les 3 mots pour qualifier ton expérience de conversion biologique ?

La réflexion est une étape obligatoire, en amont et pendant la conversion. Il est important de savoir de quelle manière aborder les changements qui découlent de cette nouvelle méthode de production. La conversion au bio est une aventure qui nous a fait découvrir une nouvelle façon d’envisager l’apiculture. C’est aussi l’inconnu, un grand saut dans le vide ! Un beau défi à relever !


Que t’apporte BioDemain aujourd’hui ?

BioDemain valorise notre engagement en tant qu’apiculteur bio, et nous apporte une rémunération plus juste. L’équipe participe également à la conversion de la coopérative Naturalim avec qui nous travaillons. La plus-value apportée par BioDemain est en effet répartie entre les 11 apiculteurs engagés dans une démarche bio.


Un conseil pour ceux qui voudraient se lancer ?

Je suis très satisfait des résultats obtenus avec ce nouveau mode de production, mais il faut bien se préparer ! Principalement, il faut anticiper les secteurs dans lesquels les ruches vont être implantées. Il est aussi important de bien se documenter sur les traitements, car beaucoup de choses changent avec la bio ! Je n’ai qu’un conseil : bien réfléchir, et se lancer !

Catégories : Nos BioGosses

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